Itinéraire

Des maths à l’architecture (les années 80)
1981 est à double titre une année clé, notamment avec l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république, et en plus, c’est pour moi l’année du concours d’architecture ; le fameux concours de fin de première année qui détermine tout. Arrivé 10ème de ma promotion, non pas par talent, mais simplement grâce aux maths et à la physique qui m’avaient jusqu’ici bercé avec un Bac C et une  demie Maths Sup. en poche. Durant les 6 années d’études, je me suis tout de suite passionné pour l’informatique graphique alors balbutiante ; faire tourner un cube en 3D relevait de l’exploit algorithmique ! Mes premiers travaux en la matière me valurent de rentrer chez Francis Soler, un de mes maîtres incontestés.

L’Afrique 
En 1986, je sors diplômé de l’UPA n°1 (aujourd’hui ENSA Paris la Seine) et m’apprête contre toute envie à faire mon service militaire jusqu’ici reporté grâce au fameux report L9. Mais ce dernier arrive à son terme et je dois impérativement rejoindre les troupes d’appelés en Allemagne ! Heureusement, j’avais parallèlement initié une demande de Coopération et je savais qu’un poste se libérait au Burundi. Le premier miracle se produisit ; la veille de mon départ pour l’Allemagne, je me rends au Ministère rue Monsieur et là, fort naïvement, je demande à parler au chef de cabinet. On me fait attendre dans une anti-chambre, et quelle n’est pas ma surprise de voir arriver une femme me disant : « Monsieur Hecht, le directeur de cabinet vous attend« . Je ne sais toujours pas aujourd’hui à qui je dois cette nomination de dernière minute, mais il est certain qu’elle va totalement bouleverser ma vie et ma carrière. Je rends ici hommage à Jean-Jacques Fort (chef de mission et de coopération alors en poste) et à Jean-Pierre Chrétien sans qui ce miracle n’aurait pas eu lieu.

Après deux années de coopération durant lesquelles je rénove totalement le CCF de Bujumbura, je rentre avec ma compagne Catherine en France et avec notre première fille née à Bujumbura ; Laura.

De l’architecture à l’image (les années 90)
La CAO et la DAO sont en plein essor ; les cabinets d’architecture doivent s’équiper et se former aux nouveaux outils. Je deviens dès lors un mercenaire des concours publics, les agences m’appelant pour venir concourir avec eux, outil en main et avec une obligation de transmission des savoir-faire.
Et puis la loi sur la Maîtrise d’ouvrage public évolue et oblige les concours publics à afficher une image de synthèse du projet dans son contexte environnemental. En 1991, je créé avec François Le Masne ma première société Athréma-Sys, une agence spécialisée dans l’assistance à la maîtrise d’œuvre et en production d’images de synthèse architecturale.
De cette époque, je ne saurai dénombrer exactement la quantité de concours, de missions, de prestations et de nuits de charrette ! Une période intense dont j’ai gardé le sens de l’effort, de la deadline, et de la nécessité de rebondir quelle que soit l’embûche rencontrée. En 1992, ma seconde fille Margaux naît.

De l’image à la production : l’élément déclencheur
En 1997, l’Institut du Monde Arabe fait appel à nous pour réaliser un film muet de 3 minutes retraçant le système constructif d’un palais hellénistique en Jordanie, au nord d’Amman ; le Palais d’Iraq al-Emir.
Le soir de l’inauguration de l’exposition « Jordanie, dans les pas des archéologues« , le Président Chirac et le Roi Hussein de Jordanie arrivent devant la borne projetant notre petit film… Je suis loin derrière dans la foule des invités, mais je vois bien qu’ils restent longtemps devant… Interpelé, craignant qu’un problème technique ne soit survenu, je me faufile jusqu’aux premiers rangs où j’entends un journaliste dire à son confrère : « l’image de synthèse appliquée au passé, c’est très pertinent !« .
Une réflexion géniale qui m’a immédiatement amené, dès le lendemain, à réunir mon associé et notre petite équipe afin de leur proposer de me suivre dans l’élaboration d’un projet audiovisuel visant à reconstituer les vestiges du passé grâce à l’image de synthèse. Le Palais d’Iraq al-Emir fera l’objet d’un pilote de la série « Cité synthèse » commandé par la Cinquième (aujourd’hui France 5) alors dirigée par Jean Minot et Ann Julienne responsable du développement international.
Ce pilote, bien que pas très réussi, suscite alors l’intérêt de beaucoup de gens du milieu qui regardent d’un assez mauvais œil ce jeune producteur venir sur leurs plates-bande… Et puis à Cannes, lors d’un MIP TV où notre projet avait été sélectionné dans le cadre d’une “Bourse des coproducteurs“, un type vient me voir après mon pitch sur scène et me dit en me tendant sa carte de visite : « Venez me voir, nous avons de l’argent pour vous »  Il s’agissait du directeur de l’audiovisuel du CNC. Deuxième miracle.

En 1997, je rencontre une archéologue à qui je confie la tâche d’écrire les épisodes… Valérie Girié en écrira plus de 50 et en réalisera plus de 20.

Les années production (1998-2011)
France 5 n’ayant finalement pas signé la série « Cités synthèses », je redonne des cours de Maths pour vivre… Et puis, le troisième miracle se produit : un coup de téléphone interrompt mon cours, je décroche et le type à l’autre bout du fil me parle de voyage… Je lui réponds assez sèchement que je n’ai pas acheté de voyage et que je ne compte pas le faire. Je raccroche. Ça sonne à nouveau et cela m’excède ! Et là je comprends que c’est la Chaine Voyage !
De fait, François Fèvre est le premier à signer une première série de 13×26′, « Living Stones ». Il est rapidement suivi par Gérard Carreyrou (Odyssée), puis par France 5 qui achète une déclinaison en 5×52′ (Dans le secret des pierres).

S’en sont suivis plus de 50 films documentaires, 3 séries, des unitaires, et un docu-fiction de 90 minutes co-réalisé avec Valérie Girié en 2011 : Ramsès II, le Grand Voyage. Une aventure extraordinaire à plein d’égards ; d’abord par son sujet et sa structure dramatique qui ressemble à un « Cold case » historique, ensuite pour la très belle coproduction avec les studios Media City au Caire, et pour la magnifique image du chef opérateur de Youssef Chahine : Ramsès Marzouk. Oui, Ramsès aussi.

Avec une expérience internationale de la production déléguée et de la réalisation acquise à travers plus de 50 films tournés dans plus de 20 pays et traduits dans une trentaine de langues, la médiation culturelle et scientifique, la transmission, le conseil et l’accompagnement de projets d’auteurs et de créateurs constituent le troisième pan de ce parcours professionnel pluridisciplinaire, autodidacte et entrepreneurial.

Aujourd’hui, mes propres développements vont vers le cinéma et la fiction avec entre autres un long métrage en écriture (La partie espagnole), et un roman familial à écrire… Ça, c’est une autre histoire…


Deux maximes m’accompagnent depuis toujours :

« Ce qui ne se fait pas avec le temps, ne lui résiste pas ». G. Apollinaire.

« Pas de poiétique sans tekné ». Les Grecs anciens.